CAURO ( 41) Un devoir de mémoire
Les oubliés de l’histoire
( l’épopée du colonel Cauro , enfant du village )
Il y eut parfois dans nos villages paisibles et retirés, loin des tumultes et des évènements de l’histoire , des hommes simples mais valeureux qui ont mis leurs talents et leur courage au service d’hommes célèbres qui ont fait l’histoire et que l’histoire a pourtant oubliés.
Antonio Cauro , natif du village du même nom, est un de ces acteurs inconnus que l’histoire même locale a laissé dans l’ombre , et qui a pourtant honoré son village en servant
fidèlement et courageusement son compatriote Bonaparte à un moment difficile de son ascension politique.
Antonio Cauro est né le 22 octobre 1750 dans le quartier historique de Caro- Antonello, dans la maison familiale de la Torra, demeure imposante aux vieilles pierres de granit portant sur son linteau rugueux le millésime de 1575 et qui surplombe la chapelle de St Antoine datant du 17° siàcle. Saint Antoine, Caro -Antonello, Antonio, conjonction homonymique pour le moins étonnante que l’histoire du quartier n’explique pas.
Antonio passe son enfance au bord du « fiume » dans un quartier qui conserve encore les
structures de l’habitat des premiers cavrais , avec ses maisons basses attenantes, à perron.
Il est né au beau milieu du siècle des lumières, entre Pascal Paoli en 1725 qu’il admira sans doute et celle de Bonaparte en 1769,un autre Corse illustre qu’il servira courageusement lors des évènements de St-Cloud au conseil des Cinq cents, les 18 et 19 Brumaire de l’an V111.
En 1768, âgé de 19 ans,Antonio Cauro s’engagea dans le régiment de Buttaffoco pour servir au régiment Provincial Corse où il gravit par son talent les échelons de la hiérarchie militaire.
Lieutenant en 1793, il combattit au siège de St Florent et calvi. Il emporta sabre en main, par une attaque audacieuse , le poste retranché de Farinole ei fut promu capitaine le 25 brumaire
De l’an 11. Il servit avec ce grade à l’Armée du Nord et à l’Armée d’Italie.
Dans l’ordre que Bonaparte donna à Gentili, le 25 vendémiaire AN V, il le chargeait de confier à Antonio Cauro le commandement de la gendarmerie du Liamone.
En 1799 , le 18 brumaire,A. Cauro se trouvait avec ses soldats à St Cloud au conseil des cinq cents.Il croisa les baïonnettes devant les députés jacobins agressifs qui menaçaient Bonaparte. La salle du Conseil libéré , Bonaparte devenait l’un des trois consuls avec Cambacéres et Lebrun. Antonio Cauro contribua ainsi à conforter le pouvoir politique du premier Consul .
Par la suite , Napoléon lui remit un sabre d’honneur et le nomma colonel commandant la 26° légion de gendarmerie impériale. La plus belle récompense que reçut A. Cauro fut de faire partie de la première et prestigieuse promotion de la légion d’Honneur le 24 septembre 1803.Il eut l’insigne honneur d’être distingué en même temps que Monge , berthollet , Talleyrand et autres militaires, politiques et savants talentueux. La remise solennelle et grandiose des premières croix par Napoléon lui- même. IL mourut dans son village le 30 août
1805 ,et repose en paix dans le cimetière communal.
Paul Peraldi , Chevalier de la Légion d’Honneur, retraité de l’E.N.